Corsaires et Marins de la Royale
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 Récit de la première course de l'Aimable Grenot

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cotentinois
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Récit de la première course de l'Aimable Grenot Empty
MessageSujet: Récit de la première course de l'Aimable Grenot   Récit de la première course de l'Aimable Grenot EmptySam 11 Jan - 19:02

Sous Louis XV, pendant la guerre de succession d’Autriche (1744 – 1748),  un armateur Granvillais de 25 ans, Léonor Couraye du Parc, arme successivement trois navires en course : Les Grenot.

Son aventure corsaire, il la commence avec le Charles Grenot, une frégate morutière de 100 tonneaux reconvertie dans la course, équipée de 18 canons et armée par 116 hommes, placée sous le commandement de Jacques Clement, sieur Desnos. En 1745, il entreprend cette fois la construction d’un navire neuf, le Grand Grenot, une frégate de 300 tonneaux, conçue et bâtie exclusivement pour la course.

Au cours du deuxième trimestre 1746, reprenant les plans du Grand Grenot, il fait construire une nouvelle frégate de 390 tonneaux, plus grande encore que la précédente ; il l’appelle l’Aimable Grenot et l’arme de 40 canons. Il en confie le commandement à Pierre La Houssaye.

Première course de l’Aimable Grenot

Le dimanche 19 mars 1747 l’Aimable Grenot sort du port de Granville. Ce même jour, naviguant à la pointe de Pontusval (Nord Finistère) l’Aimable Grenot rencontre cinq vaisseaux de guerre anglais qui le poursuivent jusqu’en vue de Guernesey. Bon marcheur, il réussit à leur échapper en jetant à la mer quatre canons du gaillard d’avant, une ancre et deux mâts de rechange ce qui lui permet de distancer ses poursuivants après cinq heures de chasse. Par la suite, il multiplie les prises. Puissant et rapide, il n’hésite pas à braver le danger en attaquant des convois et des corsaires. Le 6 avril 1747,

« Sur les onze heures du matin par la latitude de 50 degrés et par la longitude de 10 degrés, il fit rencontre de deux navires anglais auquel il donna chasse et livra combat à celui des deux qui paraissait le plus fort, lequel combat dura environ une heure. Après que ledit navire anglais, qui se nomme Blandfort, corsaire de Bristol, eût donné trois bordées de babord au navire du comparant, il prit le parti de prendre la fuite, n’ayant essuyé qu’une seule bordée de tribord du navire français. D’abord le comparant accosta l’autre navire qui était avec ledit corsaire anglais et sauta à son bord sans aucune résistance avec douze hommes de son équipage. Les gens du navire pris déclarèrent au comparant qu’ils étaient de Saint Jean de Luz, que leur navire se nommait le Comte de Noailles, corsaire dudit St Jean de Luz, et qu’ils avaient été pris par le corsaire qui venait de fuir, le 29 dudit mois de mars. Après que le comparant eut fait amariner cette reprise, le commandement lui fut donné par le capitaine de l’Aimable Grenot, pour la conduire au premier port de France » (Archives Départementales du Finistère – AD29)

Le Comte de Noailles de 140 tx, avait été armé en course à Ciboure, sous le commandement de Michel de Molères. Sa campagne avait bien commencé, puisqu’il avait réalisé six prises, mais le 29 mars il avait rencontré le Blandfort qui l’avait capturé après un combat de deux heures et demie au cours duquel vingt deux hommes avaient été tués et autant d’autres blessés.

Le 11 avril 1747, se trouvant près des Sorlingues, l’Aimable Grenot aperçoit un convoi d’une cinquantaine de navires, escorté de deux vaisseaux de guerre, il s’en approche par la ruse :

« Il vira de bord après les avoir considérés afin de courir après un navire qui était écarté du gros de la flotte d’environ deux lieues et que, l’ayant joint à environ neuf heures du soir, il le fit amariner et se saisit en même temps des signaux de ce dit navire ; qu’ayant fait observer pendant la nuit la route de la flotte et le jour étant venu, il aurait aperçu douze à quinze navires de la dite flotte, auxquels il fit les mêmes signaux qu’avait  le navire ci-dessus, de façon que sous midi il en amarina quatre, qu’ensuite il donna chasse à vingt ou vingt deux navires qui se trouvaient sous le vent à lui d’environ une lieue et demie, et qu’il aurait au dit déclarant le commandement d’une de ces quatre prises avec onze hommes de son équipage » (AD29)

Il s’agit là de la Marie-Galère, de Londres dont l’équipage de prise était commandé par Luc Le Craicq, l’un des lieutenants du capitaine La Houssaye qui fut chargé d’amener le navire jusqu’à Morlaix où il arriva le 20 avril à midi.

Cette action fit encore grand bruit et accrut assurément la réputation des Grenot.

Fin mai, l’Aimable Grenot fait relâche à Granville, relâche au cours de laquelle neuf hommes sont engagés en supplément, parmi lesquels Georges René Pléville Le Pelley qui racontera dans ses mémoires combien il se sentait riche au désarmement : 2400 livres !  il était accompagné de son cousin l’enseigne Louis Le Pelley du Manoir, âgé de treize ans.

Juin 1747, prise de La Betsy, du Saint André, de la Louise Elisabeth, du Dursley-Gally, du Dogre de Guernesey et du Peling :

Le 12 juin, alors que l’Aimable Grenot se trouve par 49° 40’ N et 6° W, il rencontre donc la Betsy, balandre anglaise qui va de la Caroline à Londres, et dont il s’empare avec toute sa cargaison. Joseph Meredith, le capitaine, déclare au lieutenant Renaudeau, écrivain de l’Aimable Grenot, envoyé à bord de la prise, que la cargaison comprend 290 barils de riz, 3 barils de raisin, 16 bouscauts de pelleterie (peaux de chevreuil) des « bottes de rom » (rhum) 19 barils et caisses d’indigo, 8 caisses de vif argent, 7 tonneaux de bois du Brésil, 11 cens de « merains » et 50 planches de bois des iles.

Le 13 juin, vers 9 heures du matin, un navire apparaît, le capitaine La Houssaye le poursuit jusqu’à 4 heures de l’après midi avant de le contraindre, par quelques coups de canon, à carguer ses voiles. Le navire arbore pavillon hollandais. Pierre La Houssaye fait venir à son bord le capitaine vaincu qui reconnaît être anglais, mais affirme être naturalisé hollandais. Aucun papier ne le prouve et le navire de 160 tx est de toute évidence de construction anglaise. Le capitaine de l’Aimable Grenot lui fait lire l’article 7 de l’ordonnance du roi de 1704, encore en vigueur, qui stipule que tout vaisseau de construction anglaise qui n’a point à son bord d’acte de propriété est « de bonne prise ». Le capitaine Harrisson rejette la faute sur son armateur ; on apprend que la prise a pour nom le Saint André, qu’il revient de Saint Eustache et fait route vers Rotterdam. Il est amené à Morlaix le 17 juin, d’où cinq des prisonniers hollandais réussiront à s’échapper.

La prise du Saint André fera l’objet d’un procès qui opposera Leonor Couraye du Parc à Jacques Forbes, anglais se disant naturalisé hollandais, propriétaire du Saint André, et qui affirmera que son navire ne pouvait être considéré comme de bonne prise. Le jugement sera conclu en faveur de Léonor Couraye du Parc et le Saint André sera vendu à l’armateur Granvillais Teurterie des Cerisiers pour 19 070 livres. Sa cargaison rapportera 90 708 livres. Quant à La Betsy, elle sera achetée à Morlaix par J.D. Derm pour Couraye du Parc et la dispersion de sa cargaison se montera à 49 074 livres.

Du 14 au 17 juin, l’Aimable Grenot réussit encore à capturer deux barques anglaises, puis les jours suivants encore trois navires ennemis. Le Dursley-Gally est amené à Morlaix, les quatre autres prises à Granville : la Louise Elisabeth, le Dogre, le Greenwich et le Peling, la plus belle prise, qui venait des Bermudes chargée d’ambre, de mercure, d’écailles de tortues, de fourrures, et qu’il fallut combattre pendant plus de 10 heures.

Le 22 juillet 1747 on s’apprête à radouber l’Aimable Grenot à Granville pour le préparer à une nouvelle course et il est échoué près de la jetée dans l’avant port pour se faire « espalmer » (nettoyer une carène, à l’origine étendre du suif avec la paume de la main sur la coque du navire pour en accélérer la marche) lorsqu’au cours d’une mauvaise manœuvre, il se couche brutalement sur tribord, sa quille et ses ponts sont fortement endommagés. On craint de ne pouvoir le relever mais il est finalement remis en état.

A la fin de cette campagne le 18 août 1747, Léonor Couraye du Parc pouvait être satisfait du bilan : l’armement avait couté 10957 livres, 8 sols, mais il lui revenait un bénéfice de 368 842 livres et 14 sols, soit un gain trois fois et demie supérieur à la mise.

— / —

Sources :

Les Corsaires de Granville – Michel Aumont – pur éditions 2013

Les armements corsaires de Leonor Couraye du Parc pendant la guerre de succession d’Autriche (1744 – 1748) - Anne Cahierre – Revue de l’Avranchin et du pays de Granville fasc. 394 mars 2003.
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